Analyse

Les associations sont de plus en plus élitistes

Ouvriers et cadres sont en nombre comparable parmi les adhérents d’associations. Mais à leur tête, les présidents sont beaucoup plus souvent cadres. Un phénomène qui s’est accentué en quinze ans. Analyse extraite du Centre d’observation de la société.

Publié le 1er avril 2021

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Modes de vie Catégories sociales Lien social, vie politique et justice

Souvent présentés comme un modèle d’ouverture et de démocratie, les organes de direction des associations – et en particulier leur présidence – demeurent en pratique socialement très élitistes, selon une enquête menée par le Laboratoire d’économie et de management de Nantes-Atlantique et le Centre de recherche sur les associations [1]. Les cadres supérieurs sont deux fois plus représentés parmi les présidents d’association (34 %) que parmi leurs adhérents (17,5 %). Inversement, les ouvriers représentent 16 % des adhérents mais seulement 7,2 % des présidents (données 2017).

Les retraités sont inclus dans les catégories sociales en fonction de la dernière profession exercée. Lecture : les cadres supérieurs représentent 17,5 % des adhérents d'association et 34 % de leurs présidents.

Source : enquête CRA-CSA – Données 2017 – Observatoire des inégalités

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Accéder à la présidence d’une association n’est pas une chose facile. Il faut notamment savoir s’exprimer en réunion et être capable de représenter l’organisation, mais aussi détenir les clés pour comprendre son fonctionnement économique. Cela implique aussi de se sentir légitime à en prendre la direction, ce qui est beaucoup plus facile quand on a l’habitude de diriger dans son activité professionnelle.

Cet élitisme augmente : « En 2017, le monde des dirigeants bénévoles est socialement plus sélectif qu’il ne l’apparaissait en 2002 », écrit Lionel Prouteau, l’auteur de l’étude. Entre 2002 et 2017, les parts d’adhérents cadres et ouvriers sont restées quasiment stables, autour de 17 % chacune. En revanche, parmi les présidents, la part de cadres supérieurs est passée de 26 % à 34 % quand celle des ouvriers a été quasiment divisée par deux, de 13 % à 7 %. Il est difficile de démêler les facteurs qui conduisent à cette évolution. Comme le fait remarquer l’auteur de l’étude, les données reposent sur des enquêtes différentes, ce qui peut fausser les comparaisons. Il faut donc les utiliser comme des ordres de grandeur. L’élitisme croissant peut être lié au fait que les associations qui se développent le plus (l’action sociale et caritative) sont celles au sein desquelles les cadres participent davantage. Cela ne signifie pas forcément que les inégalités augmentent au sein de chacune. La professionnalisation des associations pousse aussi à une sélection plus grande. Enfin, la dégradation des conditions d’emploi (précarité, flexibilité des horaires), portant d’abord sur les moins qualifiés, a pu rejaillir sur les disponibilités d’engagement : occuper la présidence d’une association demande du temps et de la régularité.

Source : enquêtes Insee 2002 et CRA-CSA 2017 – Observatoire des inégalités

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Extrait de « Les associations sont de plus en plus élitistes », Centre d’observation de la société, 4 janvier 2021.

Photo / CC Dylan Gillis


[1Voir Bénévolat et bénévoles en France en 2017, rapport de recherche, Lionel Prouteau, enquête CRA-CSA 2017, octobre 2018.

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Date de première rédaction le 1er avril 2021.
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