Analyse

Faut-il être riche pour être bien soigné ?

Le système de santé français est considéré comme l’un des meilleurs au monde. Il prend en charge de nombreux frais. Mais tout le monde n’a pas accès aux mêmes soins. Extrait de notre livret pédagogique Les inégalités expliquées aux jeunes, disponible à la commande sur notre site.

Publié le 31 mars 2020

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Modes de vie Santé

« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux », nous dit la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948. C’est à cette éqoque que se construit la Sécurité sociale et sa branche d’assurance maladie dont le rôle est de protéger les personnes contre les risques de la vie, comme la maladie ou les accidents, en assurant le remboursement d’une partie des frais de santé. Chaque citoyen participe à son fonctionnement en payant des cotisations sociales prélevées sur son salaire.

Malheureusement, être bien soigné reste encore en partie une question d’argent dans notre pays car l’Assurance maladie ne rembourse pas tous les frais. Il est possible de souscrire à une « mutuelle » ou à une « assurance complémentaire santé » qui finance une partie des frais non pris en charge. Les entreprises ont l’obligation d’en proposer une à leurs salariés. Toutefois, avoir une mutuelle de qualité coûte cher, et il existe de grandes inégalités dans ce domaine. Il reste encore des personnes qui n’ont pas les moyens de se payer une « bonne » mutuelle, qui rembourse bien les soins.

Être bien soigné, ça coûte cher
En France, environ 25 % de la population déclare avoir renoncé à des soins pour des raisons financières. Parmi les frais de santé les moins bien pris en charge par l’Assurance maladie, les soins dentaires ou encore l’achat de lunettes arrivent en première place.

Les conditions de vie influent sur la santé

Beaucoup de facteurs influencent l’état de santé. L’alimentation par exemple. Quand on mange trop gras, trop salé ou trop sucré, et qu’on ne bouge pas beaucoup, on a plus de risques d’avoir des problèmes de santé : obésité, diabète… Ces maladies sont pour partie héréditaires mais les catégories sociales les plus modestes ont moins les moyens financiers de varier leur alimentation. L’humidité, les mauvaises conditions de chauffage ou le bruit ont aussi un impact sur la santé : les catégories défavorisées sont bien plus touchées, chez elles, comme à leur travail. Bref, la santé c’est tout un ensemble.

Pour rester en bonne santé, il ne faut pas attendre que ça aille mal. C’est ce qu’on appelle la prévention. « Mieux vaut prévenir que guérir », dit-on. C’est très vrai. Il est important par exemple d’avoir une alimentation variée, de faire du sport et d’écouter son corps : d’alerter si ça commence à aller moins bien et d’en parler. Le rôle du médecin n’est pas seulement de nous soigner, c’est aussi surveiller que les enfants grandissent bien, qu’ils se sentent bien à l’école, que les adultes se sentent bien à leur travail, qu’on s’alimente bien, que l’on fasse un minimum de sport, que nos vaccins soient à jour.

Ce n’est pas toujours facile de prévenir. Dans les professions les plus pénibles physiquement (comme le bâtiment) par exemple, on a l’habitude de vivre avec certaines douleurs, on y prête moins attention. Parfois, on cache le problème par crainte de perdre son travail.

Parler de ses problèmes de santé, pas si facile

Une fois devant un médecin, bien lui expliquer sa situation n’est pas toujours évident. On ne sait pas toujours dire précisément où on a mal, à quel muscle, à quel os et décrire les douleurs que l’on ressent. De plus, certains patients ne sont pas à l’aise avec des médecins qui utilisent parfois des mots incompréhensibles, très spécialisés.

Il peut être difficile de parler de ses problèmes de santé à ses parents, surtout quand on est jeune, et encore plus dans un domaine sensible comme la sexualité. On peut bien sûr se rendre seul chez le médecin, ce n’est pas interdit. On peut en discuter avec des amis et avec le médecin scolaire qui est là pour écouter les élèves. Il est tenu de garder le secret médical (tout comme les psychologues ou les assistants sociaux) : on peut se confier à lui en toute liberté.

Des médecins qui dépassent les bornes
Certains médecins font payer les consultations plus cher que le tarif réglementé, cela s’appelle des « dépassements d’honoraires ». Dans certaines villes, il est difficile de trouver un médecin qui pratique le tarif normal. Même si c’est illégal, certains professionnels de santé refusent de soigner les patients modestes. Des études ont montré que les personnes qui bénéficient de la CMU (la « couverture maladie universelle » destinée aux plus pauvres) subissent des discriminations de la part des médecins, surtout des spécialistes, qui refusent de les recevoir.

Les inégalités expliquées aux jeunes. Sous la direction de Nina Schmidt, édition de l’Observatoire des inégalités, avril 2018.
48 pages
ISBN : 978-2-9553059-3-5
Prix : 5 € hors frais d’envoi.
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Illustration réalisée par Damien Roudeau et Guillaume Reynard.

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Date de première rédaction le 15 novembre 2019.
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